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LE SATANISME ET LA MAGIE

À l’époque dangereuse où tourbillonnent les désirs, où l’instinct, point encore assoupli par la volonté, se sert de l’intelligence pour s’assouvir mieux, où la religion amoindrie déjà par les doutes philosophiques laisse le champ libre aux superstitions, tu te penches, en des coins déserts de bibliothèque ; derrière les grilles et les cadenas, malgré le linceul des poussières, tu les ouvres et tu les feuillettes et tu les médites ces livres manuscrits ou imprimés, ces Grand ou Petit Albert y ces Dragon rouge, ces Veillard des Pyramides, ces Grand Grimoire, ces Secrets magiques, ces Enchiridion.

Ton doigt peureux s’enthousiasme de la pnge qui n’a pas été lue ; l’espoir grandit à chaque déception : la conquête du bonheur apparaît et fuit avec ces titres alléchants du grimoire promettant toutes les choses excitantes qui ne peuvent être tenues. Mais cette impatience déjà est diabolique. Ces livrets incorrects, obscurs, mystificateurs sont en efict magiques, car ils soulèvent au fond de l’âme, dans les dernières fibres des nerfs la cohorte des perversités.

« La voisine là toute proche que l’on épie de sa fenêtre, le rideau à peine soulevé pour la place de l’œil, la voisine qui, le matin, bras nus, épaulettes de chemises glissées, se reflète dans les glaces, mutiple, éblouissante de perles d’eau, et, le soir, — négligence de soubrette qui n’a point clos les volets — déploie la souplesse d’un corps qui glisse entre les draps… tout cela, chuchote le grimoire, cela à toi.

« Ecoute mes secrets — vois leurs titres alléchants : Pour jouir de celle que tu voudras — pour faire venir une femme vous trouver, si forte soit-elle — pour faire danser une fille nue. Quelque sage et fidèle qu’elle puisse être, celle que tu