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L’INVOCATION DU DIABLE

désires ira te trouver, tirée par le filet de mon sortilège, et elle ne pourra reposer, dormir, être tranquille un peu dans ses nerfs, traversés d’invisibles épingles, qu’elle n’ait rompu tous les obstacles, te rejoignant enfin. Loin de toi les corvées de l’attente, la peur d’un refus sec qui décourage et ces niaiseries des saints sournois derrière les vitres. Tu l’auras aussitôt, où tu voudras, si tu suis le rite grotesque et familier. Elle te cédera sans parole, comme un animal obéissant qu’un geste appelle, qu’un regard fait bondir en caresses jusqu’au cou. Elle sera là, et pas de sotte et ridicule distraction. La seule étreignante volupté pèsera sur le couple. Le Diable présidera, décuplant les forces employées, ne demandant pour hymne de gratitude que grincements de dents coupant un essoufflé silence. Tu pourras même — car tu te plais aux lâches mystifications — parce qu’elle aura foulé le sol où a été enseveli le talisman, la forcer à se dévêtir, serait-elle plus pudique que Lucrèce, et à s’agiter toute nue devant l’ébahissement de tous.

« Tu es jaloux encore, chante le Grimoire, tu crains l’époux, l’amant aux droits semblables à celui de l’époux ; ta lampe près de laquelle j’habite éclaire ta face si pâle et convulsée de la savoir contre la poitrine de cet homme ; ah ! ton pire adversaire. Il la possède normalement, sans miracle, par cette redoutable magie de l’habitude ou ce plus inéluctable enchantement du caprice féminin. Tu es jaloux ; moi, qui accompagne ta solitude, comment l’ignorerai-je ? je vais te susurrer la recette de briser sa vigueur, je t’apprendrai à refroidir ses ébats… Cela ne te suffit pas encore ? tu es méchant, tu le détestes, lui — et d’autres qui t’humilièrent et le parent dont tu n’hérites pas