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L’ÉVOCATION DU DIABLE

regimbes aux gestes sacerdotaux, aux versets de missel, tu cherches des voies plus simples et qui te paraîtraient plus sûres. Eh bieu, n’écoute pas le mage, va vers le plus moderne sorcier. Tu le rencontreras aisément si tu parcours, solitaire, la lisière des banlieues ; parmi les forains, les escarpes et les saltimbanques, il faut le dépister à ses breloques de dentiste, à sa tenue à la fois bourgeoise et trop voyante dans la tribu de bohémiens qu’il hante et qu’il suit. Il n’a de vraiment sauvage que son âme ; mais cette âme s’apprivoise avec un peu d’or et surtout si tu simules pour lui quelque considération. Transmets-lui tes doutes, en lui versant à boire ; peu à peu tu verras son œil fuyant sous les longs cils soyeux luire de convoitise et de perversité. Avec toi, il se rira des grimoires, il applaudira ton sot athéisme, vantera ton caractère scientifique autant que tes liqueurs : et au moment de la digestion, te proposera le pacte.


« Le pacte ? dit-il, une simple formalité poétique et légendaire, mais qui aide à l’évocation. Il date d’assez loin. Sous le pape Justinien I, Théophilus souda la première alliance démoniaque. Fi de ces stupides contrats inventés par des prêtres pour terroriser les fidèles. Il faut rire de l’imagination du pacte de Gaufridy. Quel enfantillage[1] ! Les démonographes racontent aussi que le contrat a lieu

  1. Le voici :

    « Je, Louis Gaufridy, renonce à tous les biens tant spirituels que corporels qui me pourraient être confiés de la part de Dieu, de la Vierge Marie et de tous les Saints du paradis, pareillement de mon patron saint Jean-Baptiste, saint Pierre et saint Paul et saint François et de me donner de corps et d’âme à Lucifer ici présent avec tous les biens que je feray à jamais, excepte la valeur du sacrement pour le regard de ceux qui le recevront. Et ainsi le signe est attesté. » — Et le diable répond par écrit aussi : « Par la vertu de ton souffle, tu enflammeras en ton amour toutes les filles et femmes que tu auras envie d’avoir pourvu que ce souffle leur arrive aux narines. »

    Tout cela sent trop la fabrique des inquisiteurs.