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LE SATANISME ET LA MAGIE

le dimanche ou un jour de fête dans l’église, soit près le baptistère, soit près du grand autel, avant que les cloches n’aient sonné ou après tous les offices ; un affilié présente le postulant à un diable préoccupé uniquement de cacher par convenance la fourche de son pied. La plupart du temps on se bornait au baiser stercoraire. Monsieur, ne vous inquiétez jamais d’un papier noir, pour l’humecter d’une encre qui serait le sang de votre bras gauche ou d’un corbeau immolé ; tout est simple, même en satanisme. Nous nous contentons d’une renonciation au catholicisme. Tertullien avait pressenti le vrai pacte qui n’est qu’un nettoyage des superstitions, déjà un joli baptême positiviste. Les gnostiques, les « bons hommes », les Albigeois ne le comprirent jamais autrement[1].

« Cette formule nous est donnée nettement par Reuss en

  1. « Le Diable, dit Tertullien, accumule les objets des sacrements divins dans les mystères des idoles. Comme ses croyants et ses fidèles, il touche certains, il repromet l’expiation des délits dans une sorte d’ablution. S’il se souvient de Mithra, il fait un signe au front de ses soldats, il célèbre l’oblation du pain et il s’attribue l’image de la résurrection… »

    D’autre part, Pierre, moine qui écrivit l’histoire des Albigeois, raconte ainsi la renonciation : Quand quelqu’un se livre aux hérétiques, celui qui le reçoit s’écrie ; « Ami, si tu veux être des nôtres il faut que « tu renonces à ta foi entière qu’occupe l’Église Romaine. » Lui répond : M Je renonce. — Donc reçois l’Esprit saint des bons hommes. » Alors le prêtre lui souffle sur la place du baptême, sur la poitrine, sur les épaules, sur la tête. « Et que dis-tu de l’huile et du saint-chrême ? — J’y renonce. « — Crois-tu que cette eau opérera ton salut ? — Je ne le crois pas. — a Renonces-tu à ce voile qui sur ta tête baptisé fut posée ? — J’y renonce. « Ainsi le néophyte accepte le baptême des hérétiques et répudie le baptême de l’Eglise ; alors tous posent leurs mains sur sa tête, le baisent et le revêtent d’un vêtement noir. À partir de ce moment il devient un membre de la secte. (Petri monachi cenobii vallium Cernaii, Historia Albigensium, cap. ii.) (Voir aussi Spitzer Teufelsbünder, Leipsig, 1871.)