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LE SATANISME ET LA MAGIE

— Mais aussi selon le rite magique, selon la foi des astrologues. Dans la messe noire prophétisée par Ezéchiel les soixante et dix fidèles sataniques agitent vers l’Orient leurs encensoirs.

— Attendez… reliques incomplètes… Quand la destinée s’irrite, elle est cruelle, même en ses dédommagements. Alfaram dans l’Index des reliques de la Basilique du Vatican, affirme que, selon toujours la tradition orientale, ces apostoliques os étaient enfouis sous l’autel… mais des bras manquèrent, déposés sous d’autres autels qui eux avaient été détruits…

— 11 paraîtrait donc qu’une volonté supérieure ait voulu éparpiller jusqu’à ces restes comme elle a dispersé ce souvenir…

— Oui, et c’est à peine si un évêque moderne[1] a rétabli

  1. J’ai dramatise l’aventure, fidèle à mon plan ; mais tout ceci est historique, textuel ; consultant les archives de M. P. Christian père, augmentées encore par son fils, j’ai trouvé ces documents qui achèvent de caractériser le véritable Diable, celui à qui Ton fait tort, le persécuté, le maudit d’une malédiction où il y a de sa faute peut-être, mais où il n’y a pas de sa faute, peut-être aussi. Satan est un saint et c’est vrai au fond, un saint à sa terrible manière, saint ambigu qui tient à la fois de l’apôtre de bien (saint Jude qui meurt pour le Christ) et de l’apôtre de mal (Judas qui vend le Christ) ; il a encore besoin de cette ambiguïté, car en toute hideur pourrait-il tenter quelqu’un ? — En fait cet infortuné saint Jude était si oublié par la liturgie que c’est seulement il y a quelques dizaines d’années qu’on y pensa. Mais il devait trouver sa petite rémunération cléricale dans le pays des Albigeois, non loin de Montpellier, ville de la Secte. Coïncidence, pleine de révélation.

    Voici ce qu’écrivait à M. Christian père, le 25 octobre 1867, Mgr le Courtier.

    Évêché de Montpellier

    « Cher Monsieur,

    « J’ai un petit secret à vous confier, vous le garderez fidèlement. — Imaginez-vous que saint Jude (28 octobre) est le seul des apôtres qui soit assez méconnu pour n’avoir qu’une seule église sous son vocable dans toute l’étendue de la France, peut-être dans toute la chrétienté. Cependant par une tradition vénérable on l’invoque comme Patron des choses désespérées.

    « A Notre-Dame de Paris, j’ai fait vivre un peu le culte de cet apôtre. Èvêque je lui ai dédié la première nouvelle paroisse que j’ai pu ériger, et la ville de Béziers a aujourd’hui une paroisse Saint-Jude, une église Saint-Jude, un curé de Saint-Jude.

    « Dans ce moment, je fais la neuvaine de Saint-Jude, commencée le 20 et devant se terminer le 28, etc. »


    Mais est-ce satisfaisant pour désaigrir ce saint irrité qui n’a de miséricorde qu’envers les oubliés, les méconnus comme lui ?… Heureusement pour le sorcier que cette petite offrande n’a pas suffi. Il y a bien des faits à l’appui de sa prodigieuse intervention dans les archives de M. P. Christian.