astrale, de l’âme du monde, du Diable ; la bête condensatrice des fluides, qu’écrasait Isis, qu’écrase la Vierge sur les autels, le monstre visqueux et froid où s’enrobe la grossière vitalité de l’univers.
Enfin le lieu est trouvé et le sorcier fait son cercle.
Cercle mesquin, maladroit, à peine tracé, aimanté cependant d’un vouloir solide ; il y inscrit les noms maudits, il l’orne des signes qui reproduisent sa misère, il y fait collaborer les morts et les bêtes dont sa besace se vide ; là le crâne d’un parricide qu’il déterra avec quel soin par une nuit sans lune ni étoiles ; les cornes d’un bouc presque humain, qu’une paysanne a trop caressé ; la tête d’un de ces chats presque hyènes qui, fiancés au démon, se repaissent de charognes ; le cadavre aussi d’une chauve-souris, l’oiseau qui est un rat, l’animal répulsif, sur la frontière des espèces, à qui les enfants jettent des pierres et qui se réfugie dans des décombres et ne tournoie qu’au soir tombé, protégé par la peur des passants et sa propre laideur, la bête qui est l’ironie de la colombe, et qui se posera sur la tête de l’Antéchrist, comme l’oiseau nitide et miraculeux désigna le front du Christ…
Le sorcier n’a pas de costume spécial de nécromant, sauf que s’étant déshabillé à quelques pas de là, il est nu sous une épaisse et noire alumelle, soutane sans manches qui laisse à ses bras leur fiévreuse liberté. Il n’a pas choisi la nuit redoutable et hallucinante. C’est le soir seulement. Le soleil a quitté l’horizon, au-dessus de la mer et des arbres, au delà de ce cimetière rustique, parmi le silence, traversé par les seuls vols lents d’oiseaux crépusculaires.
Le sol est rocailleux, protégé des tempêtes, par de vieilles