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L’ÉVOCATION DU DIABLE

roches, il est décharné, loin du sable aussi, sans ce limon rougeâtre qui est la viande de la terre ; il est maigre, osseux, triste, aride ; c’est bien le terrain doux au diable, le terrain breton, le terrain sorcier.

En face du cercle, la fourche qu’a saisie l’opérateur creuse un triangle où descendra la larve appelée. À droite et à gauche, un cierge vacille dans un chandelier d’étain. Aux pieds de l’opérateur, le brasier s’allume où cuisent l’assa fétida, l’aloès, la verveine, la sauge, l’ambre, le soufre et un peu d’encens. La fumée acre, pestilente, escaladant en volutes le ciel bas semble l’échelle de Jacob du Mal où ascendront les vils désirs conquéreurs. Diligemment le sorcier a tracé quatre routes vers chacun des points cardinaux, désigné par un des symboles cadavériques et pervers : l’une, c’est la route de la Richesse avec l’index de la relique parricide ; l’autre, celle du Savoir que marque la chauve souris des initiations du démon ; la troisième, celle de la Puissance où rient les félines dents rouges ; la dernière, celle de l’Amour, dominée par le double fanal macrocère du bouquin. En arrière du cercle avec deux fémurs de morts la croix est tracée et le nom de Jésus-Christ y parle d’une sorte de refuge, comme si dans sa religion satanique, le sorcier avait gardé la superstition de Dieu !

Pris du traditionnel délire, l’opérateur tourne autour du cercle, chuchotant, dénombrant en une confession au diable ses méfaits, ses lâchetés, ses crimes, ainsi que des mérites appelant irrésistiblement les grâces de l’infernal Esprit. Et à chaque mouvement rotatoire il s’arrête pour humer les vapeurs rebutantes, la puanteur du Sabbat. Puis, lassé de ces circuits démoniaques, il s’effondre sur les genoux, dans le cercle intérieur d’où naissent les quatre