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LE SATANISME ET LA MAGIE

routes ; penchant les épaules, non pas prosterné mais à quatre pattes comme un chien, il hurle les mystérieuses voyelles de cette simple phrase en latin d’église, qui recommence l’abominable confusion de Jude et de Judas :


SANCTE JUDA, APOSTOLE FIDELIS ET MARTYR, DESPERATIS IN REBUS ADVOCATE, ORA PRO ME IN TRIBULATIONE MEA


Et toi, jeune catéchumène, que fais-tu pendant que glapit ton maître ? Mais ta besogne de marmiton du diable ; tu étales avec précaution un peu de ce sang du bocal en une soucoupe que tu places à côté du brasier ! De tes doigts tachés du blanc des farines et du rouge flux humain, non sans haut le cœur, tu as saisi dans sa cage de verre le reptile, serpent, lézard ou crapaud, qui sera l’organe de Satan.

Prudemment tu le places dans une autre assiette en disposant au-dessus de lui une cloche de verre, un peu soulevée par quelques herbes, de façon à ce que la bête respire sans s’échapper. Puis tu t’écartes et regardes avec inquiétude la cérémonie qui s’avance, ô enfant de chœur de l’hérésiarque autel. Tu t’inquiètes et tu frissonnes au vent froid qui vient de la mer et aux abois lunatiques de chiens très lointains en des fermes que ne l’on voit plus, abois répondant aux hurlements du nécromant et dont semble pâlir davantage la lune.

Le sorcier recommence l’appel des voyelles, des voyelles seules ; car, même dans les cris solitaires, il faut rester mystérieux. Et puis il se souvient de la puissance de ces sons nus, les seuls qui perturbent la psychique atmosphère, restent capitaux, évocatoires. Leur abrupte vol, acéré