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LE SATANISME ET LA MAGIE

Satan, les poisons excitateurs, les drogues fébriles. Ah ! la morphine mentale, le haschich cordial, ce paradis artificiel dont le désir s’enracine d’autant plus profondément que l’autre paradis, le vrai, absent d’ici-bas et que le doigt du prêtre montre trop loin, là-haut, échappe à des fois incertaines, à de grossiers désirs. Las de s’éreinter vers l’impossible ciel, voyez-les s’exerçant aux horreurs faciles de l’enfer.

Le Sabbat c’est l’ivresse collective des instincts, le déchaînement des baves, la torture essoufflée et joyeuse de la chair.


Je tenterai, l’énorme labeur, je dirai l’insanité splendide, tendre, douloureuse, furieuse de cette fête qui ne s’éteindra jamais, tant que l’homme sera.


I
LE DÉPART


Nuit sublime. Impatience des nerfs picotés par la longue attente du dieu qui s’est enfin promis. Les sorciers et les sorcières, récemment initiés, prêtent l’oreille, mordent le drap, sursautent à la moindre rumeur. Il faut s’être couché pour aller au sabbat ; on n’y va qu’après avoir dormi, néanmoins on s’éveille[1]. Quand viendra-t-il le cava-

  1. Une fois pour toutes j’avertis que chaque détail de ce Sabbat est cueilli chez les démonographes, dans les copieux procès de sorcellerie ou dans les traditions populaires anciennes et modernes. J’ai délaissé le fracas et l’oripeau romantiques qui dénaturèrent l’aventure sordide pittoresque du premier des cafés-concerts et des clubs.