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LE SABBAT

femmes abrutis de cérémonies abjectes. Habitées par des âmes humaines, surhumaines, ces bêtes profèrent des paroles comminatoires, se prélassent graves et féroces, se dandinent, gonflent aux fluides de la luxure et de la cruauté.

Le Chat, de tout temps, fascina. Montaigu raconte lui-même que son chat attirait de sa fenêtre les oiseaux del’air et des arbres ; le Coq — ce terrible coq dont le cocorico sonne l’alarme et le chant du départ de la synagogue satanique, — le coq, dernière incarnation du Diable, sa sentinelle, quand le matin va le faire s’évanouir, le coq, disent les grimoires, a la puissance de fasciner jusqu’aux lions ! Quant au renard, déprédateur et louvoyant, brigand de bergeries, escroc de poulailler, il darde contre les dindons ensommeillés sur les branches une prunelle perfidement attentive. Le Jaguar saisit par la queue le caïman, dont la gueule cependant dévorerait un homme ; malgré sa petite taille, il happe l’énorme bête qui sous sa dent demeure immobile et charmée, couvant respectueusement son supplice… Mais les vrais fascinateurs, les meilleurs acolytes du Diable, les préfets du Sabbat sont le Crapaud et le Serpent.

Chaque sorcière porte sur l’épaule un crapaud artistement vêtu et la tête ornée de deux petites cornes ; ses yeux jamais clos ont la fixité qui ne pardonne pas. Les oiseaux, la belette, la couleuvre, les mouches, les papillons, rien ne lui résiste. Certains même mettent à mal les hommes. L’abbé Rousseau, un fascinateur, qui, plusieurs fois, avait fait mourir des crapauds par le regard, manqua en mourir lui-même ; il s’acharnait contre l’un d’entre eux, énorme qui, s’enflant, se dressant sur ses quatre