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LE SABBAT

énervent intolérablement, mais le mâle tambour, le tambourin allègre, la flûte des fêtes de Dionysos, le violon larmoyant, et « ce long instrument posé sur le col, s’allongeant jusqu’à la ceinture et battu par un petit bâton ajoutent encore à l’acrimonie leurs sonorités ou leurs langueurs. Luxe orchestral des assemblées de douze à quinze mille âmes. Les autres, les moindres, se contentent de la musique des forêts.

Le diable, qui cependant sort d’une cruche, c’est un grand bouc avec deux cornes devant et deux derrière. Celles de devant se rebroussent en perruque de femme. Parfois il n’a que trois cornes formant le schin, la lettre hébraïque de Jésus. Celle du milieu éclaire ; on y allume les cierges et les yeux aussi des sorcières. Au-dessus de ces cornes un bonnet ou un chapeau. Caricature d’Adonis, il est nu avec des mamelles féminines, des poils aussi longs que des crinières ; mais ce qu’il exhibe avec une ignominie sans égale, c’est sa virilité sacrilège, l’organe démesuré, entortillé, sinueux, aux serpentines écailles, aux piquants de hérissons, et qui semble parfois de bois ou de corne ou un fer rouge. Assis sur la grande chaise dorée et fort pompeuse, il ricane et attend le chœur des suppliciées d amour qui réjouiront sa lascivité et le remercieront du baptême des baves par les baisers déviés, à cet autre visage qui orne sa fesse, visage morose, masque d’effigie, lavé sans cesse par les lèvres des sorcières.

Le voilà le dieu à rebours, le Dieu de l’Inceste ! Inceste indispensable au sabbat, peut-être parce qu’unissant la mère vieille au jeune fils, la jeune enfant au vieux père, il conspire l’extinction de la race ; à coup sûr pour des raisons plus obscures, le recommencement des orgies