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LE SABBAT

jours l’homme, le vil, l’égoïste, le déprédateur du patrimoine d’autrui, la honte du monde 1 Cela devient pour eux un but mystique de débarrasser l’univers de cette lèpre humaine, gagnant la bonne nature, corrompant la terre faite pour être libre et qui s’avilit d’être l’esclave nourrice. Les animaux, sur qui l’homme appesantit son joug, ne sont plus dignes du soleil ; leur abaissement mérite la mort, afin qu’un aussi funeste exemple ne gagne pas les bêtes indépendantes et maudites. Les objets inanimés ne méritent guère plus de pitié ; il faut amonceler les ruines sur les ruines ; la Ruine seule est belle, douloureuse, digne de Satan, habitée par ses fidèles, les parias de la société, les vagabonds et les hibous. Les cimetières sont pardonnés, à condition que la tombe opulente meure elle aussi, que les morts pauvres aient leur coudées franches, que hors de la terre remuée, ils puissent s’évader en vampires, tuer, tuer encore même après avoir été tués, ou servir à l’œuvre meurtrière par leurs os mis en poudre, l’essence de leur nourriture extraite du cadavre inutile, l’ofirande, au Dieu des morts, de la mort exaltée jusqu’à l’assassinat.

L’anarchiste confus et intraitable se doublait aussi d’un savant superstitieux et trouble.


Qui sait si, en un coin du sabbat, loin du ménétrier, loin de la foule funéraire, beuglante, dansante, banquetante, quelque Agrippa, quelque Paracelse, mêlé à des grands seigneurs attentifs, épeurés sous leurs masques, ne profitait pas de ce spectacle inouï pour rénover la science, devancer nos découvertes, même les plus futures ? Les sorcières voyageant dans les airs, c’est la direction des ballons trou-

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