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LA MESSE DU SABBAT

d’autres sorcières, pour simuler la rupture de l’hostie chrétienne, déchiquetent un crapaud en hurlant : « Ah ! Philippe[1], si je te tenais, je t’en ferais autant. » Revêtus d’une chape noire étoilée de pommes de pin, des prêtres damnés élèvent un rond de rave, criant : « Bouc en haut ! Bouc en haut !… » Et les sorciers répondent : « Seigneur, aidez-nous ! »

Le peuple, maudissant la Trinité des Églises, chante en chœur dans la cathédrale des arbres et de l’ombre, l’hymne : « Cruel Dragon, serpent venimeux, Cerbère à trois têtes… » Dès que tout le monde est rassasié, le dieu Pan articule son Ite Missa est, qui est : « Allez-vous-en à tous les diables. »

Quand on a le temps, Necato se repose quelques minutes à l’offertoire. Alors il lui est permis d’être infidèle au pal brûlant et froid. Le vieil arbre se met à discourir de toutes ses feuilles pâles ébranlées ; la doyenne prend place non loin de lui, tenant en main une paix, figurant l’image du Très Laid. Sur ses genoux un petit plat pour recevoir la quête. Chacun apporte son présent en nature ou en monnaie. Puis silencieux chacun retourne à sa place, et Necato retombe sur les genoux du tronc d’arbre en gémissant.

Encore des variantes moins mornes. Sur l’obéissance de ces reins maudits et résignés, deux simulacres sont déposés par les paysans : l’un représente le dernier mort de la commune, l’autre le dernier né. Du blé aussi était

  1. Michelet s’est beaucoup débattu pour expliquer ce mot si clair ; « Philippe ». Philippe, c’est l’image du Christ (le mot Christ ne saurait être prononcé au Sabbat sans danger). Saint Philippe tut transporte comme Jésus sur le pinacle du Temple et sur la montagne où le tenta Satan ; il fut crucifié aussi comme son maître.