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LE SATANISME ET LA MAGIE

répandu, car la femme, c’est le symbole de Cérès, et par elle on se rend propice la terre ; de petits oiseaux picoraient les grains jolis, puis s’envolaient, simulant le vœu têtu des serfs : manger et être libres !

Le départ ne diffère jamais beaucoup. Dès que le matin tache de blancheur le nocturne dais, dès que les basses-cours résonnent, les sorciers s’évadent en grelottant. Et on laisse là sans pitié le vieux Diable que le soleil achève de dissiper ; et le pauvre, « nul ne sait ce qu’il est devenu ! » La forêt garde son secret, l’antique chêne délabré connaît l’exil et le mépris des clairières…


Ce culte de Satan, malgré ses monstruosités, malgré ses erreurs, garde pour l’homme pitoyable aux désespoirs et aux rancunes, de l’ampleur et même une triste et dérisoire beauté. Le fanatisme des théologiens fortifia Satan de tout ce qu’il enlevait au Christ en douceur et en miséricorde. Ils imposaient trop la haine de la nature, le meurtrissement et la malédiction de cette chair, misérable, mais assistante, seul trésor des humbles, des petits, des ignorants, de ceux qui ne sont pas arrivés jusqu’à la connaissance de l’âme. Une réaction formidable éclata ; et le sabbat eut lieu. Puis la haine grandit, on ne s’en prit plus au seigneur, au prêtre, à ceux qui avaient fait les lois et les exécutaient ; on s’en prit à Dieu. On décréta qu’on le punirait d’avoir permis tant d’injustices et de noires rancœurs. Et l’on parodia ses sacrements, on les souilla, on leur supprima la majesté, la roideur, pour y injecter la licence et même l’ordure. Le culte à lui du, on le restitua à son ennemi séculaire, à ce Satan compatissant qui, prenant soin des humbles, des infirmes, avait remplacé tri-