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LA MESSE DU SABBAT


I
LOFFICE DE LA VAINE OBSERVANCE


Une seule de ces cérémonies dérisoires garde encore une austère allure, car son rite est vivifié d’un inéluctable souffle religieux. Cette Messe, en désuétude dès le xviie siècle, perpétue la doctrine des anciens Albigeois ; un gnosticisme trouble y chuchote, perverti encore par le souvenir de la Chaldéenne magie. Elle est célébrée en l’honneur d’un Sathan bifront, Dieu et Diable, Bien et Mal, Esprit et Matière, roi de l’Avenir.

La grille du chœur cède au tâtonnement d’une main qui se glisse hors d’un vaste manteau. Des plis du noir vêtement jaillissent trois livres. L’homme les dispose avec symétrie, un à chacune des extrémités de l’autel et le troisième au milieu, s’étayant au tabernacle[1].

Minuit tinte.

Le prêtre, à la douzième vibration, s’abîme contre les marches et son rigide corps, bras étendus, s’immobilise croix vivante.

Préparatoire veillée qui conjurera l’occulte Puissance ; le vouloir maudit se condense et s’affermit en celui qui prie Satan.

Quatre heures : les hauts cierges du chœur frétillent d’une flamme ; dans la sacristie, l’ombre téméraire s’enfonce pour revêtir l’aube, l’étole et la chasuble ; le calice,

  1. L’Aventure d’une Ame en peine de M. Gilbert Augustin-Thierry m’a mis sur la bonne piste de ce rite mémorable ; je dois dire aussi que dans Être, de M. Paul Adam, farandole un impétueux Sabbat.