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LES MESSES NOIRES

suprême éclair où il y a du soleil, du Ciel et du brasier des gouffres.

Aussi ai-je pensé qu’Ézéchiel et Vintras, le prophète antique hanté par les hontes de Jérusalem et le voyant moderne tourmenté par les épouvantements de Rome, me seraient propices en cette tâche de ressusciter, grandiose, la Synagogue de Satan, sa légende, son symbolisme et le miracle de sa réalité.


III
LA MESSE NOIRE SELON ÉZÉCHIEL ET VINTRAS


Tout autour de la maison de l’Enfer pleurent des femmes ; elles pleurent sur la mort de Tammuz[1] et leur tâche éternelle n’est que de pleurer. Elles portent des voiles de veuves et leurs flancs sont serrés de cilices où elles se roulent soupirantes ; car elles sont destinées à l’amour inassouvi, à la complaisance solitaire, à l’unique joie de se lamenter intarissablement : « Tammuz, disent-elles, que d’autres ont nommé Adonis, toi qui es mort sans cesse, et qui renais, ô aussi cruel que notre cœur ! à seule fin de remourir ; toi notre désir inexpiable, notre inextinguible soif, notre mélancolie savoureuse et sans borne ! toi l’émasculé pareil à ce rut enflammé que nos caresses ne peuvent guérir d’une inquiétude toujours nouvelle, ô Dieu de la débauche mystérieuse, de la tristesse plus mystérieuse encore ! toi qui embrasses d’une lèvre froide, et dont les flammes dévorent paresseusement et qui fais toucher le

  1. S’en rapporter à Ezéchiel.