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LA RIDICULE ÉPOUVANTE DES LARVES

doucement, niaisement. Les mains cherchent en vain l’objet devant soi ; la mémoire fêlée perd toute raison d’agir, le vertige gagne l’intelligence, non pas le vertige des choses hautes dans l’élévation ou la profondeur du Ciel ou de l’Abîme, mais le vertige amollissant de l’hébétude et du gâtisme, le trouble hagard, la hantise du rien.

Les hommes de santé et de force, surpris d’abord par cette vile influence, repoussent d’un roidissement de l’âme le torrent du Diable, comme un roc résiste à une vague qui l’avait d’abord enseveli. Mais les natures déjà oscillantes s’ébrèchent à la tentation occulte qui grandit. La Bête impalpable, insinuée, mange et boit le fluide vital. Si la passivité et la peur continuent, la manie taraude le cerveau de ses aiguilles obstinées jusqu’au moment où, la conscience ébranlée, s’élargit encore la fissure par laquelle avec fracas la folie entre, s’installe, — la folie, troupe de larves[1].

Aujourd’hui, la suggestion a prouvé scientifiquement l’évidence de ce phénomène. Une parole, un geste, quelquefois seulement une volition intérieure insinuent en un cerveau moins puissant une idée dominatrice qui, comme un être, y vit, y règne, s’empare, despotique, de tout le dynamisme cérébral, de sorte qu’aucune autre idée ne peut germer sauf elle, — il y a « monoidéisme », folie artificielle et momentanée[2].

Le fou, c’est l’expulsé total de lui-même, c’est le possédé,

  1. Les Latins appelaient le fou : « plenus larvarum » et il est reste dans le langage populaire les traces de cette vérité dans quelques locutions comme ; « il a une araignée dans le plafond, » etc., etc.
  2. Le chapitre de l’Envoûtement éclaircira davantage ce point ; le fou peut être très souvent un envoûté.
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