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LES INCUBES ET LES SUCCUBES

la représente. Cette trace matérielle n’est même pas nécessaire, et la seule pensée, avec l’intention formelle, suffit, comme je l’ai expérimenté un grand nombre de fois depuis ; la bouche ressent bientôt l’échange de la caresse que l’air avait reçue. J’envoyais à l’âme de mes amis des baisers, qui toujours m’étaient sensiblement rendus… »


Au mois de novembre 1834, étant avec sa sœur, M. de Caudemberg veut adresser des questions à la sainte Vierge. Il commence à s’y préparer par la prière ; puis, il laisse aller sa main qui trace le nom de Marie, y ajoutant le paraphe d’une jolie croix fleuronnée.


« Un sentiment de reconnaissance, et non d’amour, continue-t-il (je n’en avais pas la pensée), me porta à poser mes lèvres sur la croix… Quel fut mon étonnement, quand je sentis que ce baiser m’était ostensiblement rendu. Ce ne pouvait être un effet d’imagination, car j’étais loin de m’y attendre ! Cependant, pour dissiper ce doute, je recommençais, et la même caresse fat réitérée de manière à dissiper toute incertitude ; elle produisit dans tout mon être un frémissement qui n’était pas sans douceur. Bientôt après, dans l’ombre et le silence, avant de m’abandonner au sommeil, je portai ma pensée émue sur ce qui venait d’arriver ; il me semblait qu’un être que je ne pouvais voir, toucher, ni entendre, s’approchait de moi. Une volupté excessive se manifesta soudainement, et me transporta dans un ravissement de bonheur qui ne peut se traduire que par des exclamations et des larmes. Ces sensations indescriptibles, qui se sont prolongées ainsi pendant plus d’une demi-heure, surpassaient beaucoup celles de même nature que j’avais ressenties jusque-là ; et, lorsqu’elles cessèrent presque subitement, elles me laissèrent dans un charme indéfini. — Le lendemain et les jours suivants les mêmes plaisirs se reproduisirent avec la même intensité, comme je l’ai expliqué, sous des formes variées.

« Un jour, demandant à ma céleste amie de me dire quelque chose, elle écrivit : « Le plaisir seul est permis entre nous ; mais nous ne pouvons pas causer. » Un soir, les baisers qu’elle me rendait se précipitèrent ; ils me causèrent un trouble plein de charmes, que je n’avais pas encore goûté et qui remplit tout mon être d’un bonheur indicible. Le mystère était accompli ; le ciel et la terre étaient unis par l’amour ! Et depuis ce moment jusqu’à celui où