du sang pur à leurs lèvres roses. Ils rendaient vampires ceux qu’ils tuaient de la sorte, développaient l’infernale confrérie par l’intermédiairee de la mort. Cette vie surnaturelle parfume le cadavre, exempt des corruptions. Pour détruire le vampire, il fallait lui traverser le cœur d’un épieu, le décapiter, puis le brûler. Sans cela des villes entières étaient décimées et les animaux eux-mêmes périssaient de langueur. (Lire pour les détails la deuxième partie de mon roman : La Douleur d’aimer.)
Étrange situation de ce cadavre presque existant dans son sépulchre qui ne le lie plus ! L’esprit et même la force animale l’ont abandonné ; il a un principe obscur et végétal, la vie à peu près d’un zoophyte. Non plus le sang chaleureux, mais le suc glacé des plantes. Néanmoins les joues fleurissent d’une mortifère rougeur, l’embonpoint gagne le corps immobile. Sans délaisser sa tombe, ce cadavre attaque les vivants par un mal mystérieux qui lui est bienfaisant. Il tente avec ses semblables d’au-dessus la terre, ses parents surtout à qui il est déjà joint magnétiquement, un échange qui engraisse le vampire et dont se desséchera la victime. C’est la force nerveuse qu’il pompe par un invisible sonde, beaucoup plus que ce sang dont il déborde et qu’il paraît sucer cependant si on s’en rapporte aux taches bleues des membres malades. Ce maléfice singulier ne va guère sans cauchemar, les anciens disaient « éphialte ».
D’ordinaire un fantôme blanc et muet étreint à la gorge, pèse sur l’estomac, vrille la colonne vertébrale et les reins, essouffle jusqu’à d’abondantes sueurs. — Si j’en crois Gœrres, le vampire est surtout de race slave. Divisons les incubistes et les succubistes en deux groupes : les uns, de par leur tempérament ou des fata-