ment soit je ne sais quoi de brusque, de tout à fait miraculeux, d’insensé qui terrasse comme la foudre, qui traverse comme un coup de poignard. L’envoûtement est au contraire lent s’il est sûr, prudent s’il est dangereux, tenace s’il est bien fait. L’envoûtement demande une collaboration délicate de l’éther de la terre, du fluide des étoiles, des volontés des démons rôdant autour de l’opérateur comme autour de l’opéré. Il veut une science exercée, une méchanceté aiguë de la part de l’envoûteur, une passivité, un égarement, une faiblesse de la part de l’envoûté ; il exige un champ de bataille commun, c’est-à-dire la mise au même plan des deux adversaires, — plan psychique surtout, sentimental au moins. Deux épées s’escrimeront vainement l’une contre l’autre, si l’une est à l’étage supérieur, l’autre à l’inférieur, ou dans la maison à côté. Il faut point de contact, parité en quelque sorte, communication établie. Ainsi le saint qui plane échappera aux plus insidieuses tourmentes, tandis que je ne suis pas très sûr qu’un vivant ne puisse pas torturer un mort et réciproquement.
Celui qui a pénétré, dès cette terre, en le ciel ou en le nirvan, celui-là peut braver tous les mages, tous les sorciers ; il connaît vraiment « la paix » ; c’est un « délivré »