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L’ENVOUTEMENT D’AMOUR

comme j’ai répandu cette farine, je répands les os du Bien-Aimé[1]. »

« Bergeronnette magique, ramène-moi le Bien-Aimé.

« Regarde au flanc du coteau, Amaryllis, tu vois cette génisse qui, de fatigue, s’étend au bord du ruisseau ; elle a cherché longtemps le jeune taureau fugitif, de colline en colline, et maintenant elle a oublié l’étable tant elle est lasse ! Qu’il en soit de même pour le Bien-Aimé, qu’il souffre de ne pas m’avoir, et que me vengeant je ne le guérisse pas de son mal !

« Ah ! mes chansons puissantes, mes puissantes chansons, ramenez-moi le Bien-Aimé.

« Voici les reliques de nos baisers, cette boucle que je lui ravis pendant son sommeil, ses lettres mensongères et si douces, et ces colliers aussi qu’il me donna, croyant que mon amour serait moins âpre parce qu’il m’aurait faite plus belle ! Amaryllis, je sais le secret et à voix basse je te le confie, porte tout cela, empaquète-le avec soin dans un lézard écrasé, et confiant ce puissant mélange à Cérès, notre amie, enfouis-le sous le seuil de sa maison à lui… tu sais, au carrefour… et dis : « Terre, je les dépose dans ton sein ces reliques magiques, elles me doivent le retour du Bien-Aimé[2]. »

« Bergeronnette magique, ramène-moi le Bien Aimé.

  1. Cette tradition s’est perpétuée jusqu’au xviiie siècle et même de nos jours ; je trouve cette recette dans le procès de la Brinvilliers (Archives de la Bastille). « Jetez dans le feu un fagot avec de l’encens et de l’alun et dites : fagot je te brûle, c’est le cœur, le corps, le sang, l’entendement, le mouvement, l’esprit de N… qu’il ne puisse demeurer en repos jusqu’en la moelle de ses os, rester en place, parler, monter à cheval, boire et manger, avant qu’il ne soit venu accomplir mon désir. »
  2. La magicienne entreprend la « charge magique » pour se faire aimer : nous avons étudié le secret de ce rite dans l’Envoûtement de haine.