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L’EXORCISME

cens consacré. Après tout la méthode n’était pas si mauvaise et les mystérieuses rumeurs des appartements hantés étaient toujours pacifiées par ces cérémonies purificatrices. De plus la religion semait en ces attentives âmes un goût de probité et de netteté morales, d’autant plus profond que l’intérêt immédiat y était indissolublement lié. Les habitants confessaient leurs péchés, purgeaient leur conscience, s’engageaient à satisfaire le prochain offensé, priaient pour le voisin qui injuria. L’image du crucifié exaltait au pardon et à la justice le sédentaire et les cierges bénits étaient plus doux à l’œil et au cœur que notre brutale électricité.

En Bretagne, par exemple, la bénédiction de certaines maisons ne s’accomplit pas toujours sans fracas, surtout si l’esprit d’un mort s’y est attaché. Le prêtre appelé pour ce dur labeur est d’ordinaire un solide gars. Ayant revêtu le surplis, il tient à la main l’étole, se déchausse « afin d’être prêtre jusqu’à terre ». Les escaliers et le parquet inondés de sable attestent par les traces laissées la présence du mort hargneux. Le prêtre suit ces vestiges jusqu’à la chambre où ils s’arrêtent. Là, il se renferme, combat tantôt avec des oraisons, tantôt corps à corps. Il n’a triomphé qu’après avoir passé son étole au cou du mort, qui est jeté dans le corps d’un animal, d’ordinaire un chien noir. Le bedeau ou le sacristain se chargent de l’emmener. Ils vont jusqu’en une lande stérile, une carrière abandonnée, une fondrière dans une prairie. « C’est ici désormais que tu demeureras, » dit le prêtre, lâchant l’esprit. Et, circonscrivant l’espace, il se sert d’un cercle de barrique…

Pays de brume pittoresque, tu caches en tes replis,