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LE SATANISME ET LA MAGIE

grimoire signé Honorius. Quant à la lamel, le Bateleur, mais il faudrait être aveugle pour ne pas y voir le Bohémien, lui-même, ou le vieux sorcier d’Albi, réduit à faire des tours de gobelet, le rebouteur, le montreur d’ours.

Satan est désormais tranquille ; on pourra brûler les grimoires où il n’est pas. Son histoire et jusqu’à son avenir — lame suprême « le Triomphe des Mages » — sont écrits en inoffensives peintures où les femmes solitaires se complairont, dont les hommes se délassent, s’énervent, cartes de réussite, cartes pour l’amour, cartes pour le jeu, cartes vraiment de la Femme et du Diable !


IV

Cependant il semble que devant l’insistance des bûchers un conciliabule se soit tenu entre le sorcier et la sorcière. Moi, dit l’un, je garderai la terre des ancêtres. — Moi, dit l’autre, je serai plus maligne, j’irai au couvent, je détraquerai le prêtre, je démantibulerai l’Église, je mettrai Satan à la place du Crucifié, sur le maître-autel.

En effet, selon les procès plus modernes, on sent dans l’Église le souffle de la chassée ; elle y apporte sa crise, ses miracles, ces flambées de passions dont les pales nonnes s’effarent d’abord, puis sont gagnées. Quelques-unes firent tout tomber sur le prêtre, dirent comme en certaines dépositions : « C’est lui le confesseur, qui pervertit par ses questions, incite, lubrique, à d’abominables sacrilèges. » Non, la sorcière est surtout cause de tout, expie tout d’ailleurs le plus souvent. Elle tente : sa beauté, — yeux d’enfer, bouche dévoratrice, avec dans ce corps noir les sursauts qui, rend fou ; et son soin stigmatisé suggère à