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LE SATANISME ET LA MAGIE

En regardant le mal, ses causes, ses conséquences éloignées, on aperçoit Dieu le plier à ses desseins ; mais le Mal reste le mal, surtout dans la volonté, dans l’individualité néfastes, qui le conçoivent et l’accomplissent. Impossible de louer Satan, d’en faire un exemple de dévotion, malgré ses incontestables et inconscients services d’instrument divin. Son cas passionne et rebute ; il est l’Homme à ses extrêmes limites de défaillance avec cette terrifiante inclination à pécher pour la saveur triste du péché.

La véritable Divinité peut faire son Temple harmonieux avec des pierres inégales et noires ; mais ces rocs monstrueux, cet infâme ciment, vus de près, c’est la consternation, le danger, la turpitude.

Les cathédrales gothiques donnent un peu cette impression avec leur apparence de forêt, élancée vers Dieu, mais dont les plus basses branches subissent le chevauchement des monstres.

Ou bien encore, paysage large, tourmenté à la Salvator Rosa, presque sublime : l’ignominie a ses montagnes, l’enfer a ses fleuves, le désespoir sa houlante mer ; les fronces du terrain âpre échappèrent tout d’abord en l’harmonie farouche du tableau ; puis, peu à peu se trahirent, gluances, égorgements, la boue qui se colle, sang et crachat, sous le bleu rictus de la lune.


Comme le monde, comme l’homme, comme Dieu, Satan est trois :

Le Satan des déshérités et des pauvres, le Satan des dépravés et des riches, le Satan de l’ambitieux dilettante, du fou mystique et athée.