des femmes flétries déjà, qui rit aussi aux jeunes lèvres, flétries bientôt ; car l’illusoire s’accommode d’un peu de réel ! Satan le hideux, d’avoir baisé l’épouse magnifique, en a gardé une fraîcheur de santé et d’allégresse. C’est que la nature, à l’encontre des premières colères catholiques, est belle et douce, si elle reste simple et endiamantée des rosées de la vie. Nous verrons au Sabbat l’étrange mêlée de Satan et du Dieu Pan, nous distinguerons le trompeur et le pervers, du grand besoin de vivre et d’être heureux dont déborde le monde. Le Dieu Pan oscille ; tantôt il est la terre fertile, le bienfait des moissons, le flot de sève, la poésie d’une chair saine, d’un paysage pur ; tantôt il se coagule en brute au tréfonds de l’homme. Alors il est le ventre aux appétits exagérés détrônant le cerveau ; la gourmandise et la luxure, la fureur sensuelle faisant sombrer la barque timide de l’âme sur les flots déchaînés. Péché originel, comme dit l’Église, péché qui sommeille dans nos plus chères joies, dans les consolations, au recoin même du repos, de la fierté et de l’amour. Nul ne découvrit encore plus divine émotion que celle du Baiser ; Satan Père se l’est acquise, et des lèvres enthousiastes et éperdues s’appuyèrent au dos purulent du Mopse !
Sacrilège contre la nature, sacrilège annonciateur de tous les autres ! Si la « nature matérielle » n’est pas en nous sans cesse obéissante aux lois d’une judicieuse volonté, lavée par les grands vents de la grâce, régénérée à l’immersion de la « spirituelle nature », — la corruption y descend, ou plutôt y naît tout à coup comme en l’onde assoupie. La perversité est naturelle à l’homme, comme la pourriture aux étangs. Alors ce qui était fleur devient fumier, le flot rafraîchissant enfièvre et empoisonne,