efforts ; ah ! la vie supérieure n’est pas le gain des habiles, la défaite des simples et des dupes ! Il faut compter avec l’idéal, la Sagesse, l’Amour et la Justice, même quand on n’y croit pas, parce qu’ils sont plus réels que le Soleil.
Je parlerai peu de ce troisième Satan, le dieu d’un Avenir où il n’y aura plus de Dieu. Il dépasse ce livre ; il veut et vaut une enquête à lui seul, que, plus tard, je tenterai.
Quant au second Satan, origine des deux autres, racine de l’Anarchiste et du Sophiste, de l’Infortuné et du Dominateur, il est l’universel mal, le grondement de ce moi néfaste dont tous, à de certaines heures, même les meilleurs, même les plus purs, nous grimaçons et hurlons — le propriétaire de ce monde, le pervers et le pervertisseur, le prince corrupteur et corrompu des Instincts fauves, la panthère éperdue qui, dans la cage de l’âme, se pourlèche, en arrêt, afin de bondir, pour jouir et dévaster.
Ce Satan, c’est la Volupté, mère des désastres ; le ferment de paresse et de violence, l’ennui féroce, l’abaissement par la veulerie et la colère, la Bêtise vorace et sans yeux, tellement les joues porcines ont bouché de leur masse le dernier interstice de cils, par quoi peut transpirer dans l’âme une mince lueur du ciel.
Il tenta Job, il tenta Jésus, il tenta le Bouddha. C’est le calomniateur, le menteur et aussi la nature véridique ; c’est le Dieu Pan qui joue de sa flûte nerveuse dans tout notre organisme, comme au fond de la complaisante immensité des forêts. Son épouse est l’Illusion, la Maya immense contre qui s’acharnèrent les ascètes d’Orient et d’Occident, la Maya qui se joue aux roses artificielles du teint