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LA SORCIÈRE

Aie ! aie ! elle pousse un double cri ! là devant elle… qui ? L’émotion étouffe dans sa gorge toutes questions. Jamais elle n’eut si peur ni si espoir à la fois. L’Inconnu — roux et velu comme un renard — la salue avec politesse : « Je suis le Renard Rouget, tu es jolie, colère, que te faut-il ? — Un peu de drap seulement, sire Rouget, rien qu’un peu de drap, l’étoffe d’un hocqueton pour ne point faire honte à mon mari quand je vais avec lui à la messe le dimanche. — Tu auras ton drap si tu me rends hommage comme il se doit, et si tu me promets à l’Église de ne plus prier et de penser à ton nouveau Maître. — Et que faut-il faire encore. Renard Rouget ? — Te donner à moi entièrement et après ne t’en pas repentir. — Voici mon corps, messire, il est à ton commandement. »

Et la paysanne s’agenouille devant le Renard Rouget, qui se retourne ; obéissante à l’ordre silencieux, elle l’embrasse sous sa longue queue de bête et grommelé avec soumission : « C’est bien froid… bien froid. »

Se donner ! il se peut aisément, mais ne pas s’en repentir ? difficile. Le Diable a préjugé des forces de la femme. En rentrant elle raconte tout au mari, qui, lassé d’elle, semble soulagé de la voir moins grogronne, presque assouplie « Bien, bien, bougonne-t-il ; si bien tu as fait, bien tu trouveras… » Elle le trouvera et le trouve en effet, la Bête rousse reparaît sous l’orme des fées à l’heure où elle va prendre de l’eau fraîche à la fontaine. « Traitons, dit-il, donne-moi de tes cheveux, voici un morceau de pain noir. » Elle arrache une mèche de sa bondissante chevelure brune ; la patte crochue l’enlève et l’enfouit dans son épaisse toison. En revanche ses lèvres à