répondrait : « il faut le rendre. » Et tous les secrets qu’on n’ose avouer au mari : comment sauver le fils de ses dettes ? où trouver la soubrette modèle ? comment gagner le gros lot ? À qui se fieront-elles pour les mille minuties de leur vie, pour tout ce qui exige un conseil dégagé de leur milieu, réclame une confiance solennelle ? Mais à la sorcière. Elle a de plus que les autres le prestige sinon du divin, au moins de l’infernal.
Seulement, je le répète : quelles lueurs jailliraient de ces pythonisses vénales, usées (si elles furent douées de quelques instincts divinatoires), à d’idiotes prophéties, détraquées, si elles « dorment » vraiment, par les suggestions des consultantes, pressées aussi, afin de satisfaire, pressées de promettre, d’illusionner, de parler, quand même elles ne verraient rien, ne sentiraient rien, n’entendraient rien ? Au hasard, elles touchent juste, en profitent ; et comme l’oracle tatillonne, vague, ambigu, devant l’événement précis il a toujours les chances d’être interprété dans le sens d’un accomplissement.
Cependant, au milieu du torrent des mensonges et des menteuses, des vérités surnagent comme d’abruptes îles, d’intuitives voyageuses s’y dressent hésitantes parmi les rocs glissants d’erreurs. Dernières preuves de l’immortel don en la femme de communier avec la mort : et ce qui ressemble tant à la mort, ce qui encore n’est pas. Néanmoins souvenez-vous de cet axiome caché, ô vous frénétiques d’une curiosité périlleuse ; le néant, la vulgarité, la sottise n’excitent point la prophétie ; il ne peut être prévu amplement que la prouesse, le succès inouï, ou le désastre :