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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/87

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LA SORCIÈRE

IV

LES PRODIGES ET LES CRIMES DES SORCIÈRES

En somme nous touchons à une niaise déchéance ; nos magiciennes s’accordent à la vulgarité de nos mœurs démagogiques. Nous avons perdu, en nos pourritures, jusqu’au bel éclat de ces pourritures, leur coruscation, leur sourd flamboiement, cette merveilleuse scintillation qui est la lèpre de l’art sur la plaie suppurente des âmes. Ce sont aujourd’hui, à côté des exploits somptueux de Gilles de Rais, de médiocres commerces en de trop peu pittoresques repaires ; nos recueilleuses d’enfants pour le trafic de leurs souillures ne vaudront jamais la vieille mémorable, cette ogresse, Perrine Martin, la meffraye, faisant sa retape d’innocents, avec sur le visage une étamine noire.

La chasse à l’enfant fut autrefois la plus monstrueuse hantise des vieilles habitées par le démon du massacre, Horace nous a décrit les supplices inventés par Ganidie. Elle dépouille l’enfant ; et devant cette chair impolluée ses cheveux se dressent comme les soies du sanglier traqué par une meute. Dans un trou, creusé par un lourd hoyau, l’enfant est englouti jusqu’à la tête, et il mourra de faim devant les viandes étalées autour de lui et qu’il ne peut atteindre. Cette haine de l’enfant s’explique de la part de la damnée parce qu’il est plus céleste ; se souvenant des linges des anges, c’est déjà la pure hostie, le corps du Christ. Plus tard, avec les Eryges du moyen âge, cette persécution s’accrut. Elles volaient les enfants non bap-