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LE SORCIER

crite, regarde les Anges avec un sourire éploré reflétant leur sereine pitié, appelle Dieu irrésistiblement comme cette voix du Psalmiste criante des profondeurs de la Faute.

Le sorcier fait aussi le bien. Il en est qui guérissent ; qui, aux heures désespérées, quand le médecin abandonne, apportent le dictame inédit, la drogue qui ressuscite. Les meilleurs ne veulent pas être payés, acceptent au plus quelque don en nature[1]. Paracelse raconte qu’il tint des « sagas » et des bourreaux ses meilleures recettes. Et les remèdes de bonnes femmes sont encore en faveur dans les campagnes. Ce sont les bribes du codex de la sorcellerie. Le secret consiste le plus souvent en des simples méconnus, en de la force vitale surtout, extraite d’un animal sacrifié et dont la moiteur sanglante, appliquée à même la peau, transmet une existence qui s’évade ; parfois la pharmacopée du traîne-guenilles est immonde comme lui, elle distille l’ordure ; mais devant la nature y a-t-il des substances abjectes ? Toujours d’ailleurs ce même instinct de recueillir la chaleur de la vie partout où elle s’attarde encore. Les talismans non plus ne sont pas inutiles ; les métaux deviennent des propriétés secrètes que les électriciens modernes ont accrues, mais n’ont su encore classer. Tout cela, c’est de la sorcellerie, une science confuse, où pèchent les inventeurs. Peu de remèdes intérieurs, le contact d’un sachet grouillant d’un reptile ou d’une chenille ; fumées de plantes, parfois. En somme, ce qui agit le plus directement, le plus sûrement, c’est la volonté du nomade, sa puissance de suggestion. Les momeries de bouche ou de main, si dédaignées par les savants des Facultés, sont encore les plus efficaces, elles qui précisent et dirigent le magnétisme curateur.

  1. En Bretagne et en Provence surtout.