Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/11

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— C’est la grâce que je te souhaite. Moi, je ne suis pas si ambitieux. Je me contenterais d’épouser une demoiselle bien élevée et suffisamment jolie qui m’apporterait une fortune à peu près égale à la mienne.

— Alors, j’ai ton affaire. Cinq cent mille francs comptant et de fortes espérances. Vingt-quatre ans, orpheline. Très belle, très intelligente et très instruite. Oncle sans enfants, sexagénaire, apoplectique et opulent. Confiée depuis son enfance aux soins d’une dame très respectable, titrée comtesse, et très désireuse de marier à un gentilhomme sa pupille qui ne tient pas du tout à coiffer Sainte-Catherine. Je te présenterai quand tu voudras.

— Oh ! je ne suis pas pressé.

— Mais tu ne dis pas non et tu me remercieras de t’avoir introduit dans un des salons les plus gais de Paris et les mieux fréquentés. J’y allais quand je t’ai rencontré. Ça se trouve à merveille. Je vais t’y mener.

— Ce soir ?… Tu n’y penses pas. Je ne suis pas habillé et, en revanche, je suis crotté comme un barbet.

— Et moi donc ! Nous allons faire cirer nos bottines dans le passage, et ensuite, nous fréterons un fiacre. Ce n’est pas jour de grande réception chez la comtesse de Malvoisine et on y est le bienvenu en redingote.

— Mais, grand fou que tu es, sous quel prétexte me présenteras-tu ?

— Je suis l’ami de la maison et parfaitement autorisé à y mener un ancien camarade. Je te réponds qu’on t’y fera bon accueil et que tu t’y amuseras