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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/192

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— Et qui donc se moque de toi ?

— Tout le monde… et pas de moi seulement… de nous. Oh ! ne faites pas l’étonnée. Vous vous en apercevez bien.

Le landau de la marquise de Charmière vient de dépasser notre victoria…

— Eh bien ?

— L’autre jour, à la vente au profit de l’œuvre des Enfants abandonnés dont elle est dame patronnesse, vous lui avez payé, devant moi, vingt-cinq louis, une pelote à épingles, et elle vous a comblée de remerciements. Eh bien, tout à l’heure, elle a tourné la tête pour ne pas être obligée de nous reconnaître.

— Elle ne nous a pas vues.

— Oh ! que si ! mais il ne lui convient pas de nous saluer publiquement. Et tenez !… voilà Claudine Rissler et Coralie de Baranos qui passent en nous riant au nez. Les drôlesses elles-mêmes se permettent de nous narguer.

Herminie connaissait par leurs noms toutes les filles à la mode et ne se privait pas de copier leurs toilettes.

— De quoi vas-tu t’inquiéter ? murmura la comtesse, assez vexée. Et qu’as-tu donc aujourd’hui à trouver tout mauvais ?

— J’en ai assez de la vie que je mène, répliqua brutalement Herminie.

— Tu n’as cependant pas sujet de te plaindre. Je te laisse te gouverner à ta fantaisie. Ton oncle me l’a souvent reproché. Et si tu es encore demoiselle, c’est que tu es trop difficile.

— Vous trouvez… moi je trouve que je ne le suis