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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/193

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pas encore assez. Vous ne m’avez jamais présenté que des parvenus qui me dégoûtent. Je veux un gentilhomme et je l’aurai.

— On t’en a amené un avant-hier et tu n’as pas su le retenir. Du reste, il ne vaut pas que tu le regrettes, ce petit hobereau de Bretagne. Il n’a même pas un titre à t’offrir. Si tu l’épousais, tu ne serais seulement pas baronne.

— Oh ! pour ce qu’il en coûte à Paris de se faire comtesse !… et, d’ailleurs, peu m’importe qu’il soit titré ou non. Il me plaît tel qu’il est.

— Reste à savoir si tu lui plais, et j’en doute. Il n’avait d’yeux chez moi que pour Violette et, depuis que je l’ai chassée, il a dû la revoir. Je parierais qu’il allait chez elle quand nous l’avons aperçu dans la rue du Rocher.

— C’est impossible. Je l’empêcherai bien d’y retourner.

— Alors, décidément, tu t’es éprise de ce garçon ?

— Oui, répliqua sans tergiverser Mlle des Andrieux, et j’ai juré qu’il m’épousera.

— Je voudrais bien savoir comment tu t’y prendras pour l’y forcer…

— Vous verrez.

— Et je trouve assez étrange que tu ne m’aies pas encore fait part de cette belle résolution. J’espère du moins que tu ne pousseras pas les choses plus loin sans consulter ton oncle.

— Mon oncle ! vous savez bien qu’il fait tout ce que je veux. Quand revient-il ?

— Quand il aura terminé les affaires qui l’ont appelé à Marseille… dans quinze jours ou trois semaines.