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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/237

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gée, il descendit, recommanda au jeune gars de bien garder l’appartement jusqu’au retour de son maître et dit à haute voix au cocher de le conduire à la gare du Nord.

Si Bécherel tenait à passer par la gare du Nord pour aller rue Rodier, ce n’était pas sans motif. Il en avait même plusieurs pour prendre ce chemin détourné. D’abord, il ne voulait pas que Jeannic sût où il allait ; son portier encore moins, et il venait de l’apercevoir flânant hors de sa loge. Ensuite, il prévoyait que l’hôtelier, curieux, s’aviserait peut-être d’interroger le cocher, afin de savoir d’où il venait.

Il pensait que son expédition nocturne devait rester secrète, et il n’avait pas tort, à un certain point de vue, car si elle échouait, il aurait tout intérêt à ne pas se vanter de l’avoir faite.

Quand on se lance dans une entreprise risquée, il faut réussir ou se taire.

D’un autre côté, Robert oubliait que, s’il lui arrivait malheur, personne ne saurait ce qu’il était devenu, personne, pas même le colonel Mornac, qui aurait pu le tirer d’embarras ou du moins venger sa mort.

Robert aurait dû penser à sa mère avant de brûler ainsi ses vaisseaux ; mais il n’envisageait jamais les mauvaises chances ; il ne voyait que le but à atteindre, sans s’inquiéter des obstacles. Il ressemblait par là aux grands capitaines. Seulement la campagne qu’il ouvrait n’était pas de celles qui rapportent de la gloire et il aurait sagement fait de s’assurer d’être secouru en cas d’insuccès.

Il n’y songea pas une minute. En débarquant au