Page:Boissier - Cicéron et ses amis.djvu/112

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de faire fortune ; aussi Terentia en avait-elle un auprès d’elle, son affranchi Philotimus, homme d’affaires habile, mais peu scrupuleux, à qui ce métier avait réussi, puisqu’il était riche et qu’il avait lui-même des esclaves et des affranchis. Dans les premiers temps, Cicéron se servait souvent de lui, sans doute à la prière de Terentia. C’est lui qui lui fit acheter à bas prix une partie des biens de Milon, quand Milon fut exilé : L’affaire était bonne, mais peu délicate, et Cicéron, qui le sentait bien, n’en parle qu’en rougissant. À son départ pour la Cilicie, il laissa à Philotimus l’administration d’une partie de sa fortune, mais il ne tarda pas à s’en repentir. Philotimus, en intendant de grande maison, s’occupa moins des intérêts de son maître que des siens. Il garda pour lui les profits qu’il avait faits sur les biens de Milon, et au retour de Cicéron il lui présenta un mémoire par lequel il était son créancier d’une somme importante. « C’est un merveilleux voleur[1] ! » disait Cicéron furieux. À ce moment, ses soupçons n’allaient pas plus loin que Philotimus ; lorsqu’il revint de Pharsale, il s’aperçut bien que Terentia était sa complice. « J’ai trouvé les affaires de ma maison, disait-il à un ami, dans un état aussi mauvais que celles de la république[2]. » La détresse dans laquelle il se voyait à Brindes le rendit méfiant. Il regarda ses comptes de plus près, ce qui ne lui était pas ordinaire, et il ne lui fut pas difficile de reconnaître que Terentia l’avait souvent trompé. En une seule fois, elle avait retenu 60,000 sesterces (12,000 francs) sur la dot de sa fille[3]. C’était un beau bénéfice ; mais elle ne négligeait pas non plus les petits profits. Son mari la surprit un jour détournant 2,000 sesterces (400 francs) sur une somme qu’il lui demandait[4]. Cette rapacité

  1. Ad Att., VII, 1 et 3.
  2. Ad fam., IV, 14.
  3. Ad Att., XI, 2.
  4. Ad Att., XI, 24.