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I

La qualité qu’on remarque la première, quand on lit l’inscription d’Ancyre, c’est la grandeur. Il est impossible de n’en pas être frappé. On voit bien, à un certain ton dominateur, que l’homme qui parle a gouverné pendant plus de cinquante ans le monde entier. Il connaît l’importance des choses qu’il a faites : il sait qu’il a créé un nouvel état social et présidé à l’une des plus graves transformations de l’humanité. Aussi, quoiqu’il ne fasse guère que résumer des faits et citer des chiffres, tout ce qu’il dit a un grand air, et il sait donner à ces sèches énumérations un tour si majestueux, qu’on se sent saisir en les lisant d’une sorte de respect involontaire. Il faut cependant s’en défendre. La majesté peut être un voile commode, qui sert à dissimuler bien des faiblesses ; l’exemple de Louis XIV, si voisin de nous, doit nous apprendre à ne pas nous y fier sans examen. Il ne faut pas oublier d’ailleurs que la grandeur était une qualité si véritablement romaine que Rome en conserva longtemps les apparences, après que la réalité eut disparu. Quand on lit les inscriptions des derniers temps de l’empire, on ne s’aperçoit guère qu’il est en train de périr. Ces pauvres princes, qui possèdent quelques pro-

    conservé, elles rectifient presque à chaque pas les contresens qu’on avait faits dans l’interprétation du texte. M. Egger, dans son Examen des historiens d’Auguste, p. 412 et sq., a étudié avec beaucoup de soin et de critique l’inscription d’Ancyre. M. Mommsen, aidé de la copie de M. Perrot, prépare sur cette inscription un savant travail, après lequel, sans doute, il ne restera plus rien à faire. — (L’ouvrage de M. Mommsen qu’on annonçait dans la première édition de ce livre a paru depuis sous ce titre Res gestæ divi Augusti ex monumentis Ancurano et Apolloniensi).