Page:Boissier - Cicéron et ses amis.djvu/399

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qu’il s’empresse d’ajouter : « J’ai porté mes armes sur terre et sur mer dans le monde entier, soutenant des guerres contre les citoyens et les étrangers. Victorieux, j’ai pardonné aux citoyens qui avaient survécu au combat, et quant aux nations étrangères qu’on pouvait épargner sans danger, j’ai mieux aimé les conserver que de les détruire. »

Une fois ce mauvais endroit passé, il lui devenait plus facile de raconter le reste. Cependant il est encore très court à propos des temps les plus éloignés. Peut-être craignait-il que le souvenir des guerres civiles ne nuisît à cette réconciliation des partis que la lassitude générale avait amenée après Actium ? Il est certain qu’il n’y a pas un mot, dans toute l’inscription, qui puisse réveiller quelque rancune. Il ne dit presque rien de ses anciens rivaux. C’est à peine si l’on peut relever un mot dédaigneux contre Lépide et un souvenir désagréable pour Antoine qu’il accuse en passant de s’être approprié les trésors des temples. Voici tout ce qu’il dit de sa guerre contre Sextus Pompée, qui lui coûta tant de peine, et de ces vaillants hommes de mer qui l’avaient vaincu : « J’ai délivré la mer des pirates, et dans cette guerre, j’ai repris trente mille esclaves fugitifs, qui avaient combattu contre la république, et je les ai rendus à leurs maîtres pour les châtier. » Quant à cette grande victoire d’Actium, qui lui avait donné l’empire du monde, il ne la rappelle que pour constater l’empressement de l’Italie et des provinces occidentales à se déclarer pour lui.

Naturellement il aime mieux insister sur les événements des dernières années de son règne, et l’on sent qu’il est plus à l’aise quand il s’agit de victoires où les vaincus ne sont plus des Romains. Il est justement fier de rappeler comment il a vengé les outrages que l’orgueil national avait soufferts avant lui : « J’ai repris, après