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l’académie française sous l’ancien régime.

pitié. Il se moque cruellement de Regnier Desmarais, le secrétaire perpétuel, du gros Charpentier, auquel il aurait dû être indulgent, après l’avoir si bien dupé, des deux Tallemant, de Le Clerc et Boyer, « les deux Albigeois », de Barbier d’Aucour, « qui s’est affublé de deux noms, aussi inconnus l’un que l’autre », de Quinault, dont il nous dit que « c’était une bonne pâte d’homme », parce que son père était boulanger. Pourquoi faut-il qu’il y ait joint La Fontaine, dont il raille les infortunes conjugales, et sur lequel il appelle toutes les foudres de la justice, à cause des légèretés de ses Contes[1] ?

Sur la foi de Furetière on était fort disposé à croire que le dictionnaire de l’Académie ne verrait jamais le jour. Il fut pourtant achevé, et le 24 août 1094 Tourreil eut l’honneur d’en faire hommage au roi, à Versailles. Une planche, gravée en tête de la dédicace, représente cette cérémonie. Louis XIV, sur son trône, reçoit les

  1. Furetière ne plaisante pas seulement l’Académie sur les choix qu’elle a faits, il lui reproche les hommes distingués dont elle n’a pas voulu. Il y avait donc déjà un quarante et unième fauteuil. Seulement Furetière ne le compose pas tout à fait comme nous le ferions aujourd’hui. Nous y mettrions Descartes, La Rochefoucauld, Pascal, Molière ; il y met Du Cange, Ménage, Thouvenot, Varillas, Baillet, etc.