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la suppression des académies en 1793.

son éloge de Colbert ; Bailly, qui appartient depuis six ans à l’Académie des sciences, dispute à Chamfort le prix sur l’éloge de Molière et n’obtient que l’accessit. A propos des réceptions de l’Académie française, il court une série de plaisanteries banales, que l’on répète agréablement dans les salons ; ce qui n’empêche pas qu’on s’arrache les places pour y assister, si bien qu’on est obligé de construire de nouvelles tribunes afin de satisfaire les solliciteurs. Il est vrai que, lorsque, un peu plus tard, le libraire de l’Académie a livré les discours au public, on ne se gène pas pour les trouver mauvais et pour redire irrévérencieusement, après Grimm, que cette éloquence, dont on a beaucoup parlé la veille, ressemble, le lendemain, aux carcasses d’un feu d’artifice éteint.

Ce qui est tout à fait significatif, c’est ce qui se passe aux élections académiques : elles sont plus disputées que jamais et deviennent de véritables batailles. Aussitôt qu’un siège est vacant, on se met en campagne. Les gens de lettres qui malmenaient l’Académie, quand elle n’avait pas de place à leur donner, changent de ton dès qu’ils voient quelque espérance d’y être admis. Les candidats les plus acharnés sont souvent ceux qui semblaient