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Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/118

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Un Vaincu.

ral Lee activait leur marche, et cependant, comptant ce qui lui restait encore, il prévoyait le moment où toutes ses réserves allaient se trouver engagées.

Les historiens du Sud aiment à représenter Lee par cette belle journée de juin, ferme sur son cheval gris, Traveller, celui qui devait lui rester fidèle dans toutes ses campagnes, portant un simple uniforme sans aucune décoration, et surveillant avec calme les progrès de l’action. On dirait qu’ils tiennent à saluer à son aurore ce type militaire dont la gloire ne devait pas cesser de grandir pendant trois années et allait posséder le privilége, si rare, de rester pure et incontestée au milieu des haines et des rancunes d’une guerre civile.

Malgré ses cinquante-quatre ans, le général Lee était toujours l’intrépide cavalier d’Arlington, l’héroïque marcheur du Pedrigale, il n’avait encore rien perdu de la souple vigueur de la jeunesse.

Sa haute taille, la régularité de ses traits, le regard pénétrant et bon de ses yeux foncés, ses