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Un Vaincu.

manières graves, mais toujours bienveillantes, commandaient à première vue le respect. C’était bien là le chef auquel il faut obéir. Mais, ce qui lui ouvrait les cœurs, c’était ce charme si difficile à définir, même par ceux qui l’ont ressenti, que les natures réellement sincères et dévouées, les natures d’élite, portent avec elles. Il y joignait la jeunesse d’expression que conserve à tout visage, en dépit des années, l’habitude des pensées bienveillantes et pures.

Homme de devoir, citoyen passionné, chrétien convaincu, Robert Lee ignorait toutes les ambitions malsaines, même celle de la gloire personnelle. Son armée, pour lui, représentait sa part de devoir dans la patrie déchirée ; il s’absorbait en elle, et allait se montrer en toutes circonstances aussi soigneux de son honneur que de son bien-être. Ses soldats le sentaient, et ils avaient confiance. Ils se savaient en bonnes mains, en des mains affectueuses, prévoyantes, sûres ; ils savaient qu’une noble intelligence travaillait pour leur bien et leur gloire, que leur général était à eux, bien à eux, avec