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Un Vaincu.

doucement Lee ; mais il savait mieux que personne combien, tandis que le Nord avait à peine entamé ses ressources, celles du Sud étaient près de s’épuiser. Il demandait le concours de tous, et s’efforçait de montrer à ses compatriotes que le danger était seulement ajourné : mais il était bien difficile de faire comprendre ce danger.

Aux yeux des Sudistes, ses récentes victoires étaient le gage d’un prochain et final triomphe. Ils se persuadaient que la campagne allait s’achever par la paix, une paix glorieuse qui assurerait leur indépendance, et ils trouvaient importun, aussi bien qu’inutile, d’entendre parler d’efforts nouveaux. Il semblait que le général Lee eût fourni lui-même des arguments contre sa prévoyance ; quand il parlait des armées qui s’exerçaient au Nord, on lui rappelait comment il avait délivré la Virginie d’armées non moins puissantes, et il lui fallait travailler à détruire la confiance qu’inspirait sa propre renommée.

D’ailleurs, il y avait quelques motifs d’espérer la paix.

On était alors en août 1862. Six mois au-