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Un Vaincu.

commandant en chef. Malgré la rigueur d’un froid américain, Lee préféra habiter une baraque à peine mieux construite que celles des simples soldats. Les maisons de pierres furent réservées aux malades, à eux seuls aussi allaient les nombreux envois de vivres et de vin que les amis du général lui adressaient.

Les Européens, que la curiosité attirait au camp, s’étonnaient de l’absence complète de cette sorte de pompe militaire qui semble, dans l’Ancien Monde, être l’accompagnement obligé de la guerre.

Le quartier général consistait en sept ou huit baraques adossées à une haie. Çà et là quelques fourgons dételés, ni gardes ni sentinelles dans le voisinage, nulle part cette foule d’aides de camp causant ou flânant, prêts à éviter aux généraux l’invasion des intrus. Un respect enthousiaste défendait seul des importunités celui que les soldats aimaient à nommer « Uncle Robert », et qui semblait n’avoir pas de meilleur plaisir que de se mêler à eux pour leur dire de ces mots qui fortifient et qu’on n’oublie pas.