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Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/208

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Un Vaincu.

pes pendant l’action, il n’avait cessé de les encourager.

— « Cela finira bien malgré tout, disait-il, on reparlera plus tard de tout ceci ; à présent, il faut que les braves gens se montrent. »

Il conseillait aux soldats légèrement blessés de se faire bander, mais sans quitter le fusil : « C’est le moment où les hommes loyaux et braves doivent montrer ce qu’ils savent faire ! » disait-il, et les blessés restaient dans les rangs, et les mourants se soulevaient pour l’acclamer.

Sa liberté d’esprit restait entière.

Rencontrant le colonel Freemantle, officier anglais qui suivait son armée en amateur, il l’avertit de se garer, il était dans un endroit dangereux. « C’est un triste jour pour nous, colonel, ajouta-t-il, un triste jour… mais nous ne pouvons nous attendre perpétuellement à des victoires. » Un officier cravachait son cheval que l’explosion d’un obus avait fait cabrer. « Ne frappez pas ! capitaine ! ne frappez pas ! J’ai eu un cheval comme celui-là, et je sais que les coups n’y font rien. »