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Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/209

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Un Vaincu.

Le malheureux général Wilcox, qui n’avait pu mener sa division au secours de Pickett, l’aborda en s’accusant et se lamentant des pertes énormes qu’il avait faites : « Du courage, général ; — et tout en parlant, Lee lui serrait les deux mains ; — ceci a été ma faute ; c’est moi, et non pas vous, qui ai perdu la bataille ; il n’y a plus qu’à m’aider à me tirer de là du mieux que vous pourrez. »

C’est ainsi que, prenant sur lui au jour du malheur, tout le fardeau des responsabilités, Lee ranimait ses troupes et élevait les cœurs à la hauteur du sien. Aussi, rien ne ressembla moins à une déroute que la retraite de son armée. Toute la nuit du 4, le général se tint à cheval, à la jonction de deux chemins, indiquant lui-même à chacun de ses corps d’armée, la direction qu’il devait prendre. Aucune irritation, aucun désappointement ne perçait dans sa voix ; son regard avait gardé toute sa bienveillance ; il ne faisait entendre que de douces et fermes paroles, et elles étaient accueillies avec transports.

Le colonel Freemantle a conservé une im-