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Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/266

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Un Vaincu.

était là, tout près, on l’apercevait, on allait avoir vivres et munitions… Qui ne se sentirait ému de pitié ! C’étaient des hommes, et des hommes de cœur, qui souffraient ainsi. Nos souvenirs de 1870 sont trop récents pour ne pas revivre à de semblables déceptions… L’armée arrive… Un ordre mal compris avait fait partir pour Richmond, sans les décharger, les wagons envoyés au-devant des Sudistes, il n’y avait rien pour eux !

Il est inutile d’exprimer l’amertume d’un tel désappointement, de fait il terminait la guerre. Le jeûne de trois jours ne pouvait se prolonger davantage, — avant tout, il fallait manger, — pour manger, il fallait répandre les troupes dans une contrée appauvrie, c’est-à-dire, suspendre la retraite et perdre l’avance acquise au prix d’un effort inouï.

En effet, Grant qui se hâtait à la poursuite de l’armée sudiste, poussa, le 4, vingt mille hommes de cavalerie jusqu’à Jetersville, de manière à fermer la route que devait nécessairement prendre Lee ; le 5, deux corps de l’infanterie