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Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/270

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Un Vaincu.

qui, de loin, lui semblaient en désordre. Une poignée d’hommes l’arrêta.

Entre le corps d’Ewell captif, et ses troupes pour la première fois troublées, Lee en personne était venu se placer. Quelques vétérans à demi morts de faim, traînant leurs haillons, rassemblant leurs forces, se dressaient comme une barrière devant les Fédéraux victorieux, et la barrière ne fut pas franchie.

Ce fut là un terrible et beau spectacle dont les officiers fédéraux nous ont conservé l’émouvant souvenir : « Les voitures brûlaient éclairant les visages hâves et noircis des Sudistes qui chargeaient, déchargeaient leurs armes, luttaient corps à corps ; au milieu d’eux, sur son cheval gris, le général se tenait immobile, le front haut, le regard ferme, avec ce que ses soldats appelaient « sa figure de revue ; » l’expression de son visage était attentive mais parfaitement calme ; les quatre pieds de son cheval ne reculèrent pas[1], » et la nuit devint complète avant que le

  1. Hammer and Rapier.