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Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/281

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Un Vaincu.

Leur musique militaire resta muette, aucun chant, aucun cri ne marqua leur victoire. Quand le général Lee, à cheval, traversa leurs rangs, toutes les têtes se découvrirent d’un mouvement spontané, et lorsqu’il leva les yeux pour remercier de ce silencieux hommage, il ne rencontra que des regards humides et des lèvres qu’une émotion sympathique faisait trembler. Même parmi ses ennemis de la veille, on savait comprendre et plaindre le redoutable champion enfin vaincu.

Qu’on nous pardonne d’appuyer sur ces détails ! ils nous semblent étranges avec nos amers souvenirs, mais nous tenons à les donner parce qu’ils témoignent en faveur du cœur humain ; ils protestent, eux aussi, contre cette dure loi de la haine dont on voudrait faire la seule loi de la guerre. — À ceux qui, dans nos dernières épreuves, ont souffert de rencontrer, d’une part tant de défaillances, de l’autre un si impitoyable orgueil, qui ont cherché les grandes vertus d’autrefois et se sont demandé tristement pourquoi elles se faisaient si rares, à ceux qui ne veulent