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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/105

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

Du même à la même.
Villermare, 10 novembre.

Impossible de vous écrire hier, mais vous ne perdez rien à avoir attendu. Figurez-vous, chère maman, une vraie bataille et une vraie victoire ! On dit même que l’ennemi sera forcé de lâcher Orléans. Quelle joie ce serait ! Quelle joie si c’était le commencement de la revanche ! Il me semble que je vois déjà Paris s’ouvrir et papa vous embrassant !

Les rapports vous diront l’ensemble de la journée ; nous ne savons encore que peu de chose nous-mêmes. Évidemment c’est la droite et le centre qui ont fait la meilleure partie de la besogne. Notre gauche a été un peu faible sans qu’il y eût de la faute de votre fils, croyez-le, mais parce que les munitions ont manqué à l’artillerie. Notre brigade formait la réserve de l’aile gauche, nous n’avons donné que vers trois heures. De ce moment, cela a été chaud et nous avons perdu assez de monde. Je n’ai pas eu une égratignure, ainsi, chère maman, réjouissez-vous sans arrière-pensée.

Savez-vous qu’une partie des mobiles n’avaient pas même de baïonnettes ? Ils ne s’en sont pas moins