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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/178

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

Du même à la même.
Oucques, 11 décembre.

Les nôtres se sont bien battus, comme je vous le disais, à Cravant et à Villorceau, et pourtant notre ligne a reculé. Le prince Charles nous accable à force de troupes fraîches ; combien de jours encore les munitions et les hommes suffiront-ils ? On se le demande avec une anxiété poignante.

Voici Beaugency occupé par les Allemands. Je ne le savais pas en vous écrivant avant-hier. Il y a eu confusion dans les ordres donnés, l’officier porteur des instructions du quartier général a été enlevé avant d’arriver au général Camô, qui, malade lui-même, très-découragé et se croyant aventuré dans Beaugency, a laissé ses jeunes troupes se débander.

Cela est grave et triste. S’il nous fallait perdre ce sentiment que du moins nous faisons tout ce qui peut se demander à des hommes, c’est alors que nous serions bien bas, et que nous manquerait la seule consolation à nos désastres qui puisse être efficace. Quelques fuyards de Beaugency ont passé ici. On comprend en les entendant l’empoisonnement moral que de pareils misérables peuvent communiquer à un